Du 1er juin au 2 juillet du lundi au vendredi de 8h à 18h, à l’IFME.
© John Kalapo

Il suffit parfois de peu de chose pour ébranler une montagne d’espoir, pour détruire de grands rêves, pour anéantir le peu de foi qui nous restait après avoir touché le fond de la misère. Il suffit parfois de peu de choses pour nous faire remettre en cause notre propre humanité.

Dans une France déjà profondément inégalitaire où les mots liberté, égalité et fraternité, au-delà de leur beauté sonore, ne sont plus que des vestiges d’une humanité déconstruite, la Covid-19 est venue mettre en lumière l’hypocrisie et la mauvaise foi de ceux qui peuvent aider mais ne le font pas toujours comme il le faut, quand il le faut et pour qui il le faut.

Oui, ils sont là. Là, dans les rues. Presque partout. Visibles ou invisibles, mais pas du tout cachés. Ils sont là parce qu’ils n’ont pas de toit. Alors, ils vivent où ils peuvent, comme dans un monde parallèle, un « autre monde » avec d’autres codes : l’univers des « sans domicile fixe ».

Surpris par la Covid-19 et les mesures de confinement prises par les autorités françaises, les SDF non confinés ont vu leur vie bouleversée, se retrouvant, depuis l’apparition de la pandémie, dans une situation des plus inconfortables qu’ils ne pouvaient pas prévoir.

Les autorités disent qu’il faut rester confiné chez soi. Mais comment faire lorsque le ‘‘chez soi’’ n’existe pas ? Comment faire quand on vit dans la rue ?

Les rues se sont vidées. Plus de passants. Faire la manche relève de l’impossible. Oubliés, ils pensent l’avoir été dans cette crise sanitaire.

Livrés à eux-mêmes dans les rues désertées de la ville, ils animent certains espaces insoupçonnés aménagés en abris temporaires, en attendant… D’ici là, ils sont là. Luttant contre les intempéries et contre la police qui cherche à les déloger.

Mais où peuvent-ils bien aller en ces temps de couvre-feu où le calme des rues rend plus visible et plus parlante leur présence silencieuse, eux ces misérables de la modernité, souffre-douleurs collatéraux d’une guerre scientifico-socio-économico-culturelle dont rien ne présage de la fin ?

Moi, le photographe, je les ai vus, approchés, écoutés, entendus. Et j’ai pensé que leurs histoires méritaient d’être partagées…

John Kalapo

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